Urgent Plea – French

L’agenda sensible aux questions de genre de la 77ème Assemblée Mondiale de la Santé doit être respecté pour garantir des politiques de santé inclusives ainsi que le respect des droits humains.

Genève, 23.05.2024 – La 77ème Assemblée Mondiale de la Santé (AMS), qui débutera le 27 mai 2024 à Genève (Suisse), réunit les parties dans un contexte de défis sociaux, économiques, technologiques et environnementaux, ajoutés à des conflits et des tensions géopolitiques. À l’approche de la prochaine assemblée, il est impératif que les gouvernements adoptent des stratégies de santé mondiale fondées sur des données convaincantes, inclusives et  sexospécifiques, qui soient en phase avec les complexités actuelles. Quelle que soit l’approche utilisée, elle doit éviter d’intensifier les inégalités en matière de santé et de genre dans le contexte des défis mondiaux actuels mentionnés ci-dessus, en veillant à ce que personne ne soit laissé de côté, tout en accordant une attention particulière aux populations déjà mal desservies.

GENDRO déploie des efforts considérables pour combler les lacunes en matière d’information pertinente sur le genre. Son réseau fondé sur le genre, les preuves et la santé (GEH), créé en 2019, rassemble plus de 150 membres de la société civile, du monde universitaire et des organismes de recherche du monde entier, qui se consacrent à faire progresser les aspects liés au sexe et au genre dans le domaine de la santé, dans la formulation des politiques et dans la mise en Å“uvre des programmes.  Le réseau GEH de GENDRO plaide en faveur d’une perspective intersectionnelle  de genre dans la production de données probantes, car elle est essentielle à l’élaboration des réponses efficaces et équitables en matière de santé mondiale au profit de tous.

En prévision de ladite Assemblée, nous attirons l’attention de tout le monde sur nos déclarations précédentes, notamment la Déclaration de consensus : Mieux reconstruire : vers un instrument international de prévention, de préparation et de réponse (PPR) en cas de pandémie qui tienne compte de la dimension de genre et Appel à une action urgente : Un engagement renouvelé en faveur de la recherche sexospécifique  pour l’équité en matière de santé et les droits de l’homme dans le contexte de la pandémie de COVID-19, appelant à une sensibilisation, une action et un engagement accrus en vue de démanteler les préjugés et les stéréotypes sexistes, les normes patriarcales et les conceptions néfastes de la masculinité. Ces contraintes limitent les possibilités, portent atteinte aux droits de l’homme pour tous, quel que soit le sexe, et entraînent des souffrances et des préjudices qui pourraient être évités, ce qui se traduit par des inégalités en matière de santé.

Nous appelons les États membres à donner la priorité à la reconnaissance et à l’inclusion des dimensions de sexe et de genre dans les délibérations de haut niveau de la 77ème  Assemblée Mondiale de la Santé et dans les efforts ultérieurs de mise en Å“uvre des résolutions. Nous nous félicitons de l’adoption d’un langage « sensible au genre », qui a été approuvé par les États membres dans de divers cadres, notamment les accords sur le climat, la couverture sanitaire universelle (CSU) et l’Assemblée générale des Nations unies.12-15. Les progrès vers l’équité en matière de santé et l’égalité des sexes sont fragiles, et il est impératif que nous utilisions un langage qui souligne la nécessité de travailler activement à l’élimination des inégalités. Nous demandons instamment aux États membres de respecter l’authenticité de ce langage.

En outre, nous appelons les États membres à veiller à ce que les décisions relatives à la formulation des politiques et à l’implémentation des programmes de santé soient fondées sur des données précises concernant le genre et l’inclusion, et à investir dans la production de telles données qui se concentrent systématiquement sur le sexe et le genre et sur leur intersection avec d’autres dimensions de l’inégalité.

Des preuves de plus en plus nombreuses démontrent que l’inégalité entre les sexes, associée à un manque de collecte et d’analyse des données relatives au sexe et au genre et à leur intersection avec d’autres formes d’inégalité, prolonge les disparités en matière de santé. Les femmes et les filles continuent d’être confrontées à de graves problèmes de santé et subissent de plein fouet les effets dévastateurs des conflits en cours à Gaza, en Ukraine, au Soudan, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, en Haiti et ailleurs. Malgré les appels urgents en faveur de mesures sexospécifiques, leurs besoins en matière de santé restent largement insatisfaits.1,2

Le changement climatique alimente les conflits et les déplacements forcés, multipliant les disparités et les inégalités entre les sexes. Les rapports du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), du PNUD, d’ONU Femmes et de l’OMS, ainsi qu’une multitude d’études universitaires et de rapports de la société civile, soulignent l’impact aggravant des crises climatiques sur les inégalités entre les hommes et les femmes, en amplifiant notamment les effets sur la santé des femmes. Le poids accru de la pénurie d’eau, de l’insécurité alimentaire et de l’exposition à l’eau et aux maladies à transmission vectorielle exacerbe les disparités existantes entre les sexes, tout en accélérant les menaces pour la santé mentale et en augmentant les risques de violence fondée sur le sexe.4-7

La recherche montre régulièrement des différences entre les sexes en ce qui concerne les risques et les résultats en matière de santé mentale. C’est pourquoi que les femmes présentent souvent des taux plus élevés de dépression et d’anxiété, influencées par les attentes de la société, tandis que les hommes, contraints par des normes masculines rigides, sont plus exposés à l’abus de substances, à l’agression et aux actes de violence.8-11

Ces exemples soulignent la nécessité et l’urgence d’adopter des approches sexospécifiques et fondées sur des données probantes dans la recherche, les politiques et les interventions en matière de santé, en insistant sur l’importance cruciale de la prise en compte des disparités entre les sexes dans tous les aspects des stratégies de réponse aux crises et d’atténuation de leurs effets.

En outre, les États membres devraient reconnaître que les individus, les groupes ou les communautés peuvent être confrontés à des risques disproportionnés de mauvaise santé, de maladie grave ou de mortalité en raison de diverses formes de discrimination, notamment celles fondées sur le sexe, le genre, la race, l’appartenance ethnique ou la couleur, l’orientation sexuelle, la religion, les opinions politiques ou autres, l’origine nationale ou sociale, ou toute autre situation. En s’intéressant à ces aspects cruciaux, les États membres démontrent leur engagement à réaliser la santé pour tous et à respecter l’obligation de protéger et de mettre en Å“uvre les droits prévue par la législation internationale sur les droits de l’homme.

Dans la poursuite de cet objectif, la participation significative de diverses voix de la société civile à la gouvernance mondiale de la santé reste impérative pour garantir que les décisions sur les politiques et les réponses en matière de santé tiennent compte des réalités et des besoins divers des communautés du monde entier. La prise en compte de cette diversité favorise des processus décisionnels plus inclusifs, plus efficaces et plus équitables dans la gouvernance mondiale de la santé.

Le réseau GENDRO sur le genre, les preuves et la santé réitère son engagement inébranlable envers le principe de ne laisser personne de côté. Il est essentiel que nos efforts collectifs contribuent à un monde où les individus, quelle que soit la nature de leur sexe ou de leur genre, sont inclus, considérés et pris en compte dans la production de données évidentes, la formulation de politiques et la mise en exécution programmes.

References

1                Women and newborns bearing the brunt of the conflict in Gaza, UN agencies warn. https://www.who.int/news/item/03-11-2023-women-and-newborns-bearing-the-brunt-of-the-conflict-in-gaza-un-agencies-warn (accessed April 29, 2024).

2                Gender alert: Scarcity and fear: A gender analysis of the impact of the war in Gaza on vital services essential to women’s and girls’ health, safety, and dignity – Water, sanitation, and hygiene (WASH). UN Women – Headquarters. 2023; published online Oct 19. https://www.unwomen.org/en/digital-library/publications/2024/04/gender-alert-gender-analysis-of-the-impact-of-the-war-in-gaza-on-vital-services-essential-to-womens-and-girls-health-safety-and-dignity (accessed April 29, 2024).

3                80% of the people displaced by climate change are female. We must legislate to protect their health. World Economic Forum. 2024; published online Jan 16. https://www.weforum.org/agenda/2024/01/women-health-climate-change/ (accessed April 29, 2024).

4                Synergies in Jointly Addressing Climate Change, Health Equity and Gender Equality. UNDP. https://www.undp.org/publications/dfs-synergies-jointly-addressing-climate-change-health-equity-and-gender-equality (accessed April 29, 2024).

5                Programme UNE. Women at the frontline of climate change: gender risks and hopes. UNEP, 2011 https://wedocs.unep.org/xmlui/handle/20.500.11822/7985 (accessed April 29, 2024).

6                Women and Climate Change: Impact and Agency in Human Rights, Security, and Economic Development. Georgetown Institute for Women, Peace and Security, 2015 https://www.climateinvestmentfunds.org/sites/cif_enc/files/knowledge-documents/georgetown_women_and_climate_change_2015.pdf.

7                van Daalen KR, Dada S, Issa R, et al. A Scoping Review to Assess Sexual and Reproductive Health Outcomes, Challenges and Recommendations in the Context of Climate Migration. Front Glob Womens Health 2021; 2: 757153.

8                Riecher-Rössler A. Sex and gender differences in mental disorders. The Lancet Psychiatry 2017; 4: 8–9.

9                Rice S, Oliffe J, Seidler Z, et al. Gender norms and the mental health of boys and young men. The Lancet Public Health 2021; 6: e541–2.

10               Gender diferences in mental disorders begin early in life | European Institute for Gender Equality. 2024; published online April 15. https://eige.europa.eu/publications-resources/toolkits-guides/gender-equality-index-2021-report/gender-differences-mental-disorders-begin-early-life?language_content_entity=en (accessed April 29, 2024).

11               Hermaszewska S, Sweeney A, Camminga B, Botelle R, Elliott K, Sin J. Lived experiences of transgender forced migrants and their mental health outcomes: systematic review and meta-ethnography. BJPsych Open 2022; 8: e91.

12               Political declaration of the high-level meeting on universal health coverage (A/RES/78/4). United Nation, 2023 https://documents.un.org/doc/undoc/gen/n23/306/84/pdf/n2330684.pdf?token=5KfC3D9RX9zsfI58bt&fe=true (accessed April 29, 2024).

13               Paris Agreement. United Nations https://unfccc.int/sites/default/files/english_paris_agreement.pdf (accessed April 29, 2024).

14               The Enhanced Lima Work Programme on Gender Decision 3CP25.pdf. United Nations, 2020 https://wrd.unwomen.org/sites/default/files/2021-11/The%20Enhanced%20Lima%20Work%20Programme%20on%20Gender%20Decision%203CP25.pdf (accessed April 29, 2024).

15               Coverage UGA (74th sess : 2019-2020) H-LPM on UH, Sess.: 2019-2020) UGA (74th. Political Declaration of the High-Level Plenary Meeting on Universal Health Coverage (A/RES/74/2 ). United Nations, 2019 https://digitallibrary.un.org/record/3833350 (accessed April 29, 2024).